Quelle bonne idée ! Plutôt que de pleurer des monuments
engloutis le « Musée du dialogue » va s’implanter dans le quartier
historique de Louvain-la-Neuve. Une belle occasion de relancer le haut de la
ville 40 ans plus tard. On fêtera cet anniversaire en octobre avec désormais de
nouvelles perspectives. Au début de la ville, certains imaginaient que pendant
des dizaines d’années les scientifiques allaient s’engouffrer chaque matin dans
la Bibliothèque des Sciences, passer ensuite au Centre de Calcul, dîner enfin
tous ensemble au restaurant Galilée. Péchés d’orgueil originel.
Mais les chercheurs ont préféré garder un maximum d’écrits
dans leur lieu de travail. Quelques adeptes du « small is beautiful »
préparaient le terrain pour le développement des ordinateurs de table. Dans le
même temps on programmait des cuisines dans chaque logement et les étudiants dressaient
les tables pour des repas sandwiches. Les grands bâtiments se découvrirent
délaissés.
Dans l’imaginaire collectif le quartier place Galilée –
Place des Sciences fut voué au bruit, abandonné à la guindaille. « Et si votre
cercle fait encore trop de bruit on vous enverra place Galilée. » Même la
pyramide de la place pleure de toutes ses ardoises. Heureusement depuis
quelques mois déjà l’Université s’est rendu compte qu’il y avait par là un superbe
patrimoine à revivifier. À repeindre. À réanimer.
Le choix de mettre le nouveau musée du dialogue dans le lieu
magique qui a abrité la bibliothèque est une idée forte. Ce lieu inspire du
respect. Dans les premiers mois de Louvain-la-Neuve j’avais observé une famille
visitant la bibliothèque. Un enfant courait et criait. Le papa ramena l’ordre « Taisez-vous !
Vous ne voyez pas que c’est une église ! ». C’est vrai que cela
évoquait Ronchamp, l’Arbresle, et pour d’autres le pavillon de Philips à l’expo
58.
La façade reflète les couleurs des saisons. Blanc ivoire
sous le gel de l’hiver. Vert printemps montant à l’assaut du monumental
escalier de secours. Rouge des soirs d’été. Grisaille des bruines et
brouillards. Elle reflète la vie du sol et du ciel.
Les « muséonautes » vont remplacer les « biblionautes ».
Je rêve qu’on garde une harmonie dans l’accès aux trésors de papier et d’autres
matériaux. Dans un univers de plus en plus virtuel on a besoin d’objets à
feuilleter, à caresser de la main ou du regard. Je souhaite que l’on garde au
musée quelques témoins de ces cabinets de curiosité, de ces artefacts
rassemblés par la découverte ou l’invention. Que le dialogue se fasse plus
nourri entre les sensibilités artistique et scientifique.
Mon rêve d’il y a 40 ans était que le quartier Galilée soit l’interface
privilégiée entre les missions traditionnelles de l’Université en
sciences-technologies et la culture quotidienne des usagers de la ville. Pas
vitrine mais atelier visible comme au temps des artisans. Lieu emblématique de
partage des savoirs.
C’est tout un quartier qui va être repensé. Les bâtiments
programmés pour les chimistes et qu’ils n’ont jamais complètement remplis vont
retrouver de nouvelles affectations. Proches de la bibliothèque générale et de
la médiathèque qui viennent de rejoindre Pass’thèque
carte unique de la lecture au Brabant wallon.
Revisiter nos utopies du début des années 70. Donner un
nouveau lieu à des utopies ?